Aujourd’hui c’est debout à 5h, ça pique…
Il faut nuit noire et l’on nous a apporté un petit déjeuner à notre tente. Délicate attention.
Athman nous retrouve sur le parking et nous partons à la lumière des phares. Nous retraversons le village un peu au hasard pour finir par retomber sur la piste.
Nous avons rendez-vous avec un autre guide. Aujourd’hui, Athman sera un touriste comme nous.
Ce guide est issu de la tribu Hadzabe lui-même. A la différence des Massaï, on peut donc « sortir » de la tribu pour faire un choix de vie différent. Le guide est accompagné d’une jeune femme qui suit une formation de guide, elle nous accompagnera également.
Les Hadzabs ne parlent pas le Swahili et Athman ne les comprends donc pas. Le guide nous servira donc d’interprête.
Chasse avec les Hadzabe
En suivant les directions du guide nous arrivons au camp des Hadzabe.
Le camp
Ils se déplacent en fonction du gibier et le moins que l’on puisse dire c’est que leurs habitations sont sommaires. Quelques branches et le tour est joué. Quelques fois, il n’y a même pas de toit !
Les hommes sont en train de préparer leur flèches. Ils en ont de toutes sortes en fonction du gibier qu’ils vont trouver. Les plus basiques sont intégralement en bois. D’autres ont des pointes en métal pour les animaux un peu plus coriaces et certaines sont même empoisonnées.
si l’on tombe sur un buffle, les touristes rentrent au camp car ce serait trop dangereux.
Ces dernières sont utilisées pour des proies comme les buffles. Pour ce genre d’animal, la flèche empoisonnée va finir par le tuer. Les chasseurs vont le suivre pour immédiatement l’égorger afin de le vider de son sang, empoisonné donc. Ils découperont la partie de viande où la flèche s’est plantée et le reste sera comestible. Il est crucial de ne pas perdre le buffle sinon ils risquent d’arriver trop tard et toute la chair de l’animal sera contaminée.
Précision : si l’on tombe sur un buffle, les touristes rentrent au camp car ce serait trop dangereux.
Nous retrouvons donc les chasseurs autour d’un feu de camp. Après les avoir salué, et une fois qu’ils sont prêts, nous les accompagnons à la chasse. Ils chassent en général deux fois par jour, le matin et le soir.
La chasse
Pour le moment, ils marchent, mais d’un bon pas. C’est de la marche sportive !
Ils portent short et T-shirt avec des peaux de bêtes par dessus et n’ont que des sandales en guise de chaussures.
Pourquoi ces précisions ? Eh bien nous allons passer dans des endroits pleins de ronces et de piquants. Nous, nous avons nos vêtements qui nous couvrent intégralement et l’on est bien content car on se retrouve régulièrement accrochés. Eux, ils passent bras nus et pieds nus…
Les chasseurs repèrent des oiseaux dans un arbre. Ils s’approchent lentement et l’un d’eux décoche une flèche et l’oiseau s’envole dans une explosion de plumes. Manifestement, il l’a touché mais pas suffisamment. Les Hadzabe sont de vrais tireurs d’élite ! Le chasseur avait à peine pris le temps de viser avant de décocher sa flèche qui a failli embrocher un oiseau à dix mètres. Et inutile de préciser que les arcs sont plus que rudimentaires.
Nous continuons la traque.
Il y aura une nouvelle tentative sur un autre oiseau sans réussite. A chaque flèche tirée, ils vont la récupérer, quelques fois en plein milieu des ronces et autres arbustes hostiles.
Nous arrivons à un bosquet d’arbres et arbustes. Les chasseurs confèrent entre eux. Le guide nous explique qu’ils ont repéré des écureuils et qu’ils vont essayer de les chasser.
soudain une flèche sort du bosquet à la verticale… plantée dans un écureuil
Des écureuils ? A l’arc ?
Cela nous semble perdu d’avance vu l’agilité de ces animaux. A la première flèche tirée, ils vont se sauver.
Eh bien ce n’est pas ce qui va se passer…
Les chasseurs se déploient et entre dans le bosquet. On les entend se parler, crier, courir et soudain une flèche sort du bosquet à la verticale… plantée dans un écureuil. Incroyable !
Au final, ils vont parvenir à attraper trois écureuils.
A chaque fois ils viendront nous les montrer. Jamais nous n’aurions imaginé qu’ils seraient parvenus à chasser de telles bêtes à l’arc !
La cueillette
Nous continuons notre marche à la recherche de gibier plus consistant.
Le guide nous dit que s’ils ne trouvent rien d’autre, ils ne ramèneront pas leurs prises au camp car il n’y aura pas de quoi nourrir la tribu. Ils les mangeront directement.
Nous gouttons… c’est infect !
Alors que nous continuons de marcher, nous tombons sur des arbustes qui portent des baies. Ils en cueillent quelques unes et nous en donnent. Ce sont de petites baies noires. Nous goutons, pas trop de gout, mais ça va.
Un peu plus loin, ils trouvent d’autres baies. Celles-ci sont plus grosses et orange. Le guide nous dit qu’il y a un noyaux à l’intérieur et que c’est ce noyau que l’on doit sucer. Il faut recracher la peau qui n’est pas bonne. Nous gouttons… c’est infect ! C’est hyper amer ! Discrètement, nous recrachons la peau, et tout le reste.
Le barbecue
Nous sommes sur le chemin du retour vers le camp et la troupe s’arrête au pied d’un baobab.
Les chasseurs disposent les écureuils tels quels sur le feu, sans prendre la peine de les dépecer
Les chasseurs rassemblent des brindilles, les déposent sur un bout de bois et frottent un autre bout de bois en le faisant tourner rapidement entre leurs mains. Au bout de quelques secondes de la fumée apparait et quelques instants plus tard des flammes embrasent les brindilles. Le feu est près !
Les chasseurs disposent les écureuils tels quels sur le feu, sans prendre la peine de les dépecer.
Très vite les poils sont brulés, ils les grattent avec leurs couteaux et les remettent sur le feu. Quand les écureuils sont cuits, c’est la dégustation, il ne restera rien.
Nous n’avions qu’une crainte, c’est qu’ils nous en propose, heureusement ça ne sera pas le cas.
Concours de tir à l’arc et danse traditionnelle
Nous retournons au camp.
Une fois arrivés, les chasseurs nous invitent à essayer leurs arcs. L’objectif est de planter une flèche dans une souche. Ils nous montrent comment on fait : ils tendent l’arc, vise à peine et laisser voler la flèche qui va se planter dans la souche. Ca a l’air facile.
En fait, les arcs sont très difficiles à tendre ! Il faut forcer sérieusement. Une fois la corde (qui est faite de tendons) tendue, l’erreur est de prendre trop de temps pour viser. Comme l’on force énormément pour conserver la corde tendue, on fatigue vite. Mais bon, peu importe le temps que l’on prend, nous n’arriverons jamais à toucher la cible…
Après le concours de tir, c’est l’heure de la danse traditionnelle.
Accompagnés par des chants, les hommes tournent en rond en effectuant quelques pas de danse. Notre guide stagiaire va les rejoindre et bientôt c’est notre tour. Des vidéos existent, mais on ne les montrera pas ici ! 😉
Après avoir remercier nos hôtes et donné un pourboire au chef de la tribu, nous reprenons la voiture pour rendre visite à une seconde tribu.
La tribu Datoga des forgerons
Nous allons voir une tribu Datoga.
Notre guide nous explique que les Hadzabe et les Datoga sont issus d’une même tribu qui s’est scindée en plusieurs branches.
Les Datoga que nous rencontrons sont des forgerons. Ils récupèrent du métal partout où ils peuvent en trouver. Leurs principaux fournisseurs sont les garages automobiles où ils trouvent des pièces mises au rebut. Ils ont donc toute une collection de métaux qu’ils utilisent en fonction des besoins.
Ils fabriquent des bijoux mais aussi des pointes de flèches que les Hadzabe viennent acheter ou plutôt troquer.
Leur atelier est rudimentaire. Un feu par terre et des tas de bouts de métal. Pour alimenter le feu, ils utilisent un système de soufflet avec deux sacs qui se remplissent d’air quand on tire leur ouverture vers le haut et envoie l’air vers le feu quand on les compresse (en n’oubliant pas de refermer l’ouverture).
Pour leur démonstration, c’est Thomas qui va justement s’occuper du soufflet. Ils amènent un morceau de métal à fusion puis peuvent travailler sa forme avant de le laisser refroidir.
Nous n’allons pas faire d’emplettes de bijoux et nous prenons congés pour rendre visite à une autre tribu Datoga.
La tribu Datoga des éleveurs
C’est une tribu d’éleveurs que nous allons rencontrer. Les animaux ne sont pas sur place, ils sont avec les hommes dans les montagnes. Ce sont donc seulement des femmes et des enfants qui nous accueillent.
L’un d’eux porte un sweat-shirt à l’éffigie de Dark Vador. Moi, en fan de Star Wars, je le félicite. Il y a la barrière de la langue mais manifestement il n’a aucune idée de ce qu’il porte. Bon, c’est un peu normal à la réflexion, je doute qu’il ait eu l’opportunité de voir les films… Les vêtements viennent certainement de dons. Quand je dis au guide que je suis fan du film, il me regarde avec la même expression. Je lui demande s’il connait Star Wars et il me dit que non. Il faut vraiment que l’on mette à jour nos références, nous ne vivons pas dans le même monde.
Le camp est entouré de hauts tas de branchages pour tenir les prédateurs au loin. Les huttes des Datoga sont constituées de branches pour la structure et de boue séchée pour les murs. Nous sommes invités à pénétrer dans l’une d’elle. Il faut se baisser !
les femmes sont invitées à nous poser des questions
Cette fois-ci c’est Nathalie qui va être mise à contribution. Une femme prépare un plat fait à base de farine. Elle mélange la préparation avec un baton et manifestement c’est compact. Il faut toute ses forces pour mélanger.
Mais ce n’est que le début. Maintenant une autre femme montre à Nathalie comment moudre le grain sur une pierre pour produire la farine. C’est maintenant son tour et ça n’a pas l’air évident.
Arrive maintenant un moment très intéressant : les femmes sont invitées à nous poser des questions.
La première est pour Nathalie : combien a-t-elle d’enfants. Elle répond deux, Julie n’est pas avec nous, et les femmes applaudissent.
La seconde est pour moi : combien ai-je de femmes ? Euh… eh bien, une seule ! Les femmes semblent étonnées ! Elles me demandent pourquoi. J’explique au guide que dans notre pays il est interdit d’avoir plus d’une femme. L’une d’elle commente : « Eh bien j’aimerais bien vivre dans votre pays ». Il semble que la polygamie ne soit donc pas forcément appréciée des femmes… Pour terminer sur une note d’humour, je dis au guide qu’en réalité les hommes peuvent avoir plusieurs femmes mais que dans ce cas ce n’est pas officiel et qu’il ne vaut mieux pas que la femme officielle soit au courant. Ca l’amuse et quand il traduit ça amuse aussi beaucoup les femmes.
Nous sortons de la hutte. Ce fut un moment d’échange très agréable et intéressant.
Une femme touche les longs cheveux de Nathalie et manifestement les apprécie. Les leurs sont coupés très courts, pratiquement rasés.
A l’extérieur, nous faisons quelques photos. Les femmes et les enfants, puis nous les rejoignons, avec Athman, pour nous immortaliser tous ensembles.
Nous retournons au Kisima Ngeda pour déjeuner puis il s’agit de régler l’addition. Là, quelques surprises… Les boissons que l’on nous avait proposées à table sont en supplément. Bon… Leur tarif est juste trois fois celui de Arusha. Bon… Et quand il s’agit de payer, pas de carte. Ok, c’est compréhensible, on est quand même au milieu de nulle part. On peut payer en dollars ? Oui, mais il faut faire l’appoint car ils n’ont pas de monnaie, mais moi non plus. On peut compléter avec des shillings ? oui, mais ça ne suffit pas. Et des euros, oui aussi. Bref, je termine avec un cocktail dollars/shillings/euros.
Alors, le personnel était sympathique, mais nous quittons ce camp avec un sentiment mitigé : il est à moitié inondé, il faut prévoir l’appoint quand on règle des consommations que l’on pensait incluses et bien que seuls clients, on ne nous a pas proposé deux tentes. Rien de rédhibitoire, mais pas très commerçant.
Nous prenons maintenant la route pour rejoindre notre lodge de ce soir, le Plantation Lodge, où ce sera bien différent, pour enchainer sur le parc du Tarangire.